KAJ - La Prochaine Plateforme du Rap Anglophone

« Sauvage e(s)t libre », voici le motto à la fois énigmatique, révélateur et décalé pour un collectif du nom du KAJ. En plus d’être la parfaite anagramme de JAK, KAJ est un collectif/producteur de la scène Hiphop anglophone au Canada. Nous rencontrons aujourd’hui Ismael et E R R O R.

Abdou, Ajai, and Klaessens preparing for a KAJ event

Abdou, Ajai, and Klaessens preparing for a KAJ event

À l’origine de KAJ, 3 artistes : Kenan, Abdou et Juan. Réunis en 2016, ces 3 passionnés organisent des houses party pour pouvoir partager leur musique avec un public. Gagnant peu à peu en notoriété le trio attire rapidement 200 à 300 personnes par événement.

« Forcément ils se sont dit, si on peut ramener 300 personnes un lundi soir pourquoi ne pas brander tout ça ?»

Mai 2017, Ismael rencontre Abdou et se joint au collectif pour ses compétences techniques. À cette époque la structure de KAJ relève d’un modèle d’autogestion. Une structure organique mais fonctionnelle, car au cours des 7 mois qui suivront l’intégration d’Ismael, KAJ organise près de 50 événements.

« Mars 2017 on a fait un ajout super smart à l’équipe : Martin, le directeur financier. Il a complètement recadré KAJ pour lui donner cet aspect plus corporate qui a rendu le collectif viable.»

Aujourd’hui, l’équipe de KAJ est composée de 5 personnes : Abdou le fondateur qui tient le gouvernail et donne la vision, AJ qui s’occupe principalement du marketing, E R R O R pour la production musicale originale, Ismael dans la production de contenu visuel et la gestion des opérations logistiques ainsi que Martin, qui conçoit, valide les budgets et recherche du financement.

«Mais le jour de l’événement, tout le monde endosse un deuxième rôle. E R R O R est sur scène et rap. Abdou mixe lors de la première partie. Moi je suis "stage manager" avec l’aide d’AJ. »

Members of KAJ and AdHoc stop shooting a music video to get tacos © Malik Issa

Members of KAJ and AdHoc stop shooting a music video to get tacos © Malik Issa

L’équipe de KAJ travaille en amont pour la production de l’évènement et sur le terrain le jour du concert. Cela leur permet à la fois de sauver de l’argent, mais aussi de dépendre au minimum d’une autre entité.

Maintenant que l’on connait l’origine et le fonctionnement de KAJ, intéressons-nous à sa mission :

KAJ se divise en trois segments d’affaires : la production d’événements, la production musicale et la production de vêtements (qui restent encore très anecdotique).

La production d’événements tout d’abord. Une trentaine d’évents ont été produits depuis mai 2017. Tels que des OAP (open-air club), House Party, concert et booking d'artistes. Principalement tourné vers le Hiphop américain, KAJ a également travaillé avec Amelie Lens (Exposé noir) et le rappeur français Sofiane.

Abdou DJing at Apartment 200 for one of KAJ’s first events that put them on the map © Malik Issa

Abdou DJing at Apartment 200 for one of KAJ’s first events that put them on the map © Malik Issa

En plus de cette mission, KAJ suit une vision qui se résume dans la phrase : « KAJ a lifestyle for a culture » que l’on retrouve sur le site.

« Notre idée c’est de promouvoir tout le monde individuellement et que chacun ramène une partie de son monde, son histoire pour ensemble créer une culture »

La scène du Hiphop anglophone est peu développée au Québec, l’ensemble des subventions versées pour le gouvernement promeut la culture francophone. De plus, le milieu de la nuit est très compétitif à Montréal et il est difficile pour un collectif de jouer dans la cour de compagnies de la taille d’evenko (evenko c’est plus 1200 évents par an à travers le Canada).

« Avec Abdou on se dit souvent qu’il y a beaucoup de boîtes qui jouent la musique hip-hop, une musique issue de la culture afro-américaine, et qui ne laissent pas rentrer des noirs. On est contre, on est dans l’inclusivité, à l’inverse de tout ce qui est exclusif. »

L’importance de l’inclusivité, du travail à l’échelle humaine et locale prépondère dans le mode de fonctionnement de KAJ. La grande majorité des personnes qui travaillent et ont travaillé pour le collectif sont des connaissances ou connaissances de connaissances. N’y voyez ici aucun renfermement, mais davantage de soutien.

« Les gens ont besoin de s’aider et de supporter localement ce qui se passe autour d’eux. Si tu rends un service à quelqu’un ce service te sera rendu plus tard. C’est ça de travailler à échelle humaine. »

Pour participer aux mouvements du collectif, rendez-vous le 2 décembre au Club Soda avec l’artiste Pressa et l’équipe de KAJ en première partie ! D’ici là, chez Jak on envoie à KAJ tous nos vœux de réussite et que leurs efforts soient couronnés de succès. Des efforts qui s’étaleront dès l’année prochaine à Toronto et Tokyo… oups je n'ai rien dit!